BOUILLON DE POULET
J’ai commandé un bouillon de poulet. Plutôt qu’un petit poulet insipide que l’on achète en ville, il s’agissait d’une grande poule grandie en liberté, qui goûte le maïs et la substance pure de la chair de volaille. Ce bouillon est réputé pour relever ceux qui demeurent alités. En le mangeant, je reprendrais mes forces perdues lors du long voyage que j’avais encore marqué sur la peau.
—Bon appétit, la serveuse a déposé sur la table une grande assiette creuse et fumante. Une cuisse baignait dans le bouillon, à coté de morceaux carrés de pomme de terre et de plantain.
Elle me souriait. Elle voulait continuer le jeu.
J’ai goûté la première cuillère.
—Délicieux, j’ai dit en chuchotant.
—Est-ce que vous voulez une autre chose?
—Bien sûr… Si on reprenait notre conversation?
Soudainement, elle a fait un signe de malaise, comme si elle ne s’attendait pas à une telle réplique. Elle a compris que je n’étais pas pour la draguer.
—Bon… j’aimerais, Monsieur. Mais pas ici, mon patron nous observe… Tenez, vous pouvez m’appeler à ce numéro après quatre heures, elle a dit en me donnant un petit papier et en s’en éloignant avec nervosité.
Il n’y avait plus rien à dire. Je ne l’appellerais pas. J’ai bu le bouillon en vitesse et dévoré le poulet. Je me suis relevé et je suis parti avec une autre meilleure idée.
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