Des œufs brouillés avec de l’arepa et du chocolat chaud

 J’ai commandé l’assiette aux œufs brouillés, arepa et une grande tasse de chocolat chaud. Les œufs viennent avec un ragoût de tomates et d’oignons. Les saveurs finissent par se confondre dans un seul, un résultat que je ne trouve pas très gracieux. Il faut ajouter du sel pour améliorer la chose. Par contre, l’arepa, cette galette de maïs grillé, s’apprête bien au beurre qu’on répand sur elle avec un couteau et aux morceaux de fromage.

—Voici vos œufs, a-t-elle dit, l’air d’avoir été grondée. 

—Merci, mademoiselle, j’ai répondu d’un air las et sec. 

Elle s’est retirée et je ne la verrais plus. J’ai commencé à manger les œufs brouillés avec la sensation d’être égaré dans le monde. Je réfléchissais à la nouvelle définition du mot manigua que cette fille m’avait donné. Je pensais aussi à l’espoir du motard avec ses équipes de foot. Je me souvenais du gardien de but en train de courir pour récupérer un ballon perdu. Je pensais au réceptionniste de mon hôtel avec ses mots croisés. Je me demandais ce qui m’arriverait si je ne pouvais plus sortir de cette ville, que ce soit par un siège de la guérilla ou par les charmes d’une dame. Je devais trouver bientôt une réponse. 


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